Avez-vous le réflexe écorecharge ?

Une internaute m’a demandé s’il valait mieux opter pour des recharges de café soluble ou pour un pot en verre ?

L’AEcorechargeDEME[1] ainsi qu’Eco-Emballages préconisent l’utilisation d’écorecharges, quelles qu’elles soient (produits alimentaires, produits de beauté et d’hygiène, etc.). C’est le gain considérable en volume et en poids de déchets générés qui est mis en avant.

Il faut dire que l’objectif du Grenelle est de diminuer le volume et le poids des ordures, il est donc logique que l’Ademe et Eco-Emballages émettent de telles recommandations… Est-ce pour autant que l’éco-recharge a moins d’impacts sur l’environnement qu’un pot en verre ? On peut en effet le supposer. Toutefois, si la recharge en plastique présente l’avantage d’être beaucoup plus légère, elle n’est pas recyclable à ce jour – contrairement au pot en verre –  et elle nécessite généralement un renforcement de ses emballages de transport puisqu’elle est beaucoup moins rigide et stable. Je serais donc tentée de répondre que seule une Analyse de Cycle de Vie permettrait de trancher !

Par ailleurs, la praticité de l’écorecharge est aussi remise en cause : difficulté d’ouverture (besoin de ciseaux !), difficultés rencontrées au moment  de transvasement, problème de stockage si l’écorecharge n’est pas entièrement transvasée (En effet, on attend rarement que « l’emballage de réception » soit totalement vide pour le re-remplir … du coup, si une écorecharge a une contenance égale à l’emballage censé recevoir le contenu de l’écorecharge, on se retrouve comme des idiots avec une écorecharge aux 3/4 vide dont on ne sait pas quoi faire, puisqu’aucun système de fermeture n’est prévu !)

Attention également aux prix : rapportée à la contenance, l’écorecharge est parfois plus chère que l’emballage d’origine !! Il faut toujours comparer le prix au litre, ou le prix au kilo, du produit vendu dans son emballage « normal » par rapport à celui de l’écorecharge !

Bref… Tout est une question de critères retenus !

Pour plus de détails sur les avantages et inconvénients de l’écorecharge, vous pouvez aller sur cette page d’Eco-Emballages. Pour les préconisations de l’ADEME, c’est ICI.

[1] L’Agence De l’Environnement et de la Maitrise de l’Energie

Brique, bouteille en plastique ou bouteille en verre ?

ACV

La question a été soulevée par une internaute « Mieux vaut-il acheter le lait en brique (bien carrée donc optimisation du transport mais le matériau est-il recyclable/recyclé) ou en bouteille ? ».

Que le conditionnement soit une brique, une bouteille en plastique, ou une bouteille en verre, ils font tous partie des consignes de tri et peuvent être recyclés… Donc que choisir ?

On me rétorque généralement que le verre est recyclable à l’infini, contrairement aux briques et aux bouteilles en plastique. C’est vrai. Mais il faut avoir conscience que la température de fusion du verre est de l’ordre de 1400°C, alors que celle de transformation du PET est d’environ 70°C (températures fournies à titre indicatif, elles varient en fonction des caractéristiques des matériaux, mais ça permet d’avoir un ordre d’idée). Le verre est donc recyclable à l’infini, certes, mais à quel prix en terme de bilan carbone (et donc de réchauffement climatique) ? C’est tout l’objet de l’étude menée en 2008 par le cabinet Bio Intelligence Service, pour le compte de Tetra Pak, leader sur le marché de la fameuse « brique ».

La conclusion était que la brique aurait moins d’impacts sur l’environnement (selon certains critères précis) que la bouteille en plastique, qui en présenterait elle-même moins que la bouteille en verre.

Pour rentrer un peu dans les détails : Bio Intelligence Service a mené une étude comparative des impacts environnementaux d’une brique de boisson (type Tetra Pak), d’une bouteille en plastique (en PET pour le jus de fruit et en PEHD pour le lait) et d’une bouteille en verre, toutes d’une contenance d’un litre. Le cabinet a réalisé des Analyses de Cycle de Vie (ACV) comparatives de ces trois types d’emballages, en tenant compte de 5 critères (le réchauffement climatique, la consommation d’énergie d’origine non renouvelable, la consommation de ressources non renouvelables, l’acidification de l’air et l’eutrophisation). Une ACV tient compte en théorie de toutes les étapes du cycle de vie d’un produit. Bio Intelligence Service a tenu compte des quatre principales étapes du cycle de vie de ces emballages, à savoir :

  • La fabrication des matériaux de l’emballage
  • Le remplissage et conditionnement des emballages
  • La distribution
  • La fin de vie

Cette étude, publiée sous le nom « La vérité sur l’impact environnemental des emballages » a été beaucoup controversée, notamment par l’industrie verrière, qui soulignait les « avantages » du verre : il est recyclable à l’infini et il est « neutre », à savoir qu’il ne contient aucun adjuvant, plastifiant ou autre susceptible de contaminer son contenu.

En résumé, c’est donc la bouteille en verre qui aurait le plus d’impacts sur l’environnement, selon certains critères comme le réchauffement climatique, la consommation d’énergie et de ressources non renouvelables… mais il présente également des avantages certains, notamment au niveau du respect des propriétés organoleptiques des aliments conditionnées.

Je n’ai donc pas de réponses précises… Tout est une question de critères retenus !

Relèverez-vous le défi de collecter une tonne de capsules Nespresso ?

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Suite à l’article « Que faire de capsules Nespresso usagées ? », dans lequel j’évoquais l’option un peu incongrue de vider et de conserver ces capsules pour les revendre ensuite à un ferrailleur, j’ai décidé de moi-même relever ce défi un peu fou ! Objectif ultime : collecter 1 million de capsules, pour atteindre la tonne d’aluminium. Allons-y par étape, je vais déjà commencer par collecter 100.000 capsules dans un 1er temps.

Que vais-je en faire ?

Je vais les vider pour séparer l’aluminium du marc de café. Le café sera revendu à un réseau de collecte de marc de café. Quant à l’aluminium, mon objectif est donc de le conserver, et de le revendre à un ferrailleur une fois les 100 premiers kilos atteints ! Je souhaite réitérer l’opération jusqu’à atteindre la tonne d’aluminium ainsi recyclée.

La somme obtenue sera reversée à une association humanitaire pour aider le Vanuatu, dévasté par le cyclone PAM les 13 et 14 mars derniers.

Pourquoi ce défi ?

Les raisons sont multiples :

  • Tout d’abord, pour ceux qui ne recyclent pas déjà leurs capsules et qui les jettent aux ordures ménagères, l’objectif est de les motiver à les recycler de façon simple.
  • Ensuite le bilan carbone de ce recyclage fait-maison sera neutre. Je n’utiliserai en effet aucune énergie pour chauffer, vider, nettoyer ces capsules. En termes de transport, elles seront acheminées par transport en commun des points de collecte à mon domicile. Le seul transport sera peut-être le transport final de mon domicile au ferrailleur (je ne me vois pas en effet transporter 100 kg d’aluminium dans le métro !), mais la distance de transport restera cependant très courte.
  • Enfin, les sommes collectées seront reversées à une association pour venir en aide au Vanuatu.

Il s’agit donc d’une démarche autant écologique qu’humanitaire.

Comment m’aider ?

Si vous êtes en région parisienne, conservez vos capsules, chez vous ou au bureau ! Surtout ne les jetez pas ! Contactez-moi via ce blog et nous conviendrons d’un moyen pour que je les récupère.

Un point de collecte sera également installé dans les locaux de SenseCube, au 11 rue Biscornet, dans le 12ème arrondissement, à 2 pas du métro Bastille. Je remercie d’ailleurs SenseCube et Future of Waste pour leurs soutiens !

Aidez-moi à relever ce défi ! N’hésitez pas à relayer l’information autour de vous !

Que faire des capsules Nespresso usagées ?

Un(e) internaute m’a posé la question suivante, concernant les capsules de café Nespresso : « En dehors de les apporter aux gentils magasins qui les collectent gracieusement, pensez-vous que cela soit bien recyclé dans les déchets normaux ? »

Ce sujet fait couler beaucoup d’encre (et de café…).
Ma réponse – qui n’engage que moi – est : non !

En théorie, tous les emballages en aluminium sont recyclables, puisque l’alu est recyclable à l’infini. Mais le problème ici, c’est que ces capsules sont des « micro-déchets ménagers métalliques » : les petits déchets légers en aluminium ne sont pas traitables, à ce jour, dans les centres de tri habituels. Trop petits et trop légers, on ne parvient pas à les séparer des autres déchets, et on ne peut donc pas les traiter. Donc même si vous les déposez dans votre bac de tri, ces dosettes ne seront pas recyclées.

Bonne nouvelle : des expérimentations de recyclage des micro-déchets ménagers métalliques, soutenues par Eco-Emballages, sont menées par  le CELAA (Club de l’Emballage Léger en Aluminium et en Acier), dont Nespresso est membre fondateur d’ailleurs, avec plusieurs collectivités locales et 4 centres de tri. A suivre donc…

Donc que faire de vos capsules usagées ?

container capsulesVous pouvez les déposer dans les boutiques Nespresso. Mais il n’y en a pas au coin de chaque rue… Toutefois, Nespresso (enfin… Nestlé) se plie en quatre pour développer son réseau de collecte ! Ils ont développé de nombreux sites de collecte (liste ici), grâce notamment à un partenariat avec les Points Relais. Nespresso a aussi créé un partenariat avec La Poste pour récupérer les dosettes auprès d’entreprises parisiennes, et ils envisagent d’étendre l’opération à d’autres régions. Vous pouvez aussi remettre vos capsules usagées au coursier qui vous livre une commande à domicile. Si vous avez une déchetterie près de chez vous, certaines mettent également à disposition des containers de collecte spécifique.

Pour info toutefois, il semblerait que l’efficacité du programme développé par Nespresso pour recycler ces capsules usagées soit très controversé en terme de bilan énergétique, en raison des kilomètres parcourus par les dosettes et du séchage à près de 210°C pour séparer l’alu du marc de café.

Et quid de laisser des capsules dans les ordures ménagères ? Il est vrai que les éléments ferreux et non ferreux peuvent être extraits de ce qu’on appelle les mâchefers, pour rejoindre ensuite la filière classique de recyclage du métal. Les mâchefers, ce sont les résidus solides que l’on récupère en sortie des usines d’incinération = c’est tout ce qui n’a pas pu être brûlé. Notons toutefois plusieurs points importants (les infos suivantes sont issues du site du Sénat)

– le taux d’impuretés de l’aluminium extrait des mâchefers est élevé, de ce fait l’aluminium collecté en sortie d’usine d’incinération subit une décote de l’ordre de 30 % par rapport au prix de l’aluminium issu des centres de tri.

– Le taux d’extraction d’aluminium des mâchefers se situe autour de 90%, une quantité non négligeable d’alu est donc perdue.

– tous les centres de tri ne sont pas encore équipés de courants de Foucault (c’est le procédé utilisé pour, notamment, extraire l’aluminium des mâchefers)… et dans ce cas l’alu n’est pas récupérable. Pour info les mâchefers sont souvent employés dans les sous-couches des routes. Vu le prix de l’alu, il est dommage qu’il finisse dans nos routes…

Je précise ces quelques points pour éviter les raccourcis du type qu’il est donc inutile de trier ses canettes de boisson ou ses boites de conserve, sous prétexte que la matière sera récupérée après incinération… Ah ah, que neni ! La rentabilité et l’efficacité de la collecte séparée des emballages ferreux et non ferreux restent de loin les plus intéressantes… pour les emballages métalliques concernés par la collecte sélective (canettes, boites de conserve, bidons de sirop, tubes alu, barquettes de cuisson en alu, etc.). Concernant les capsules, en effet, au pire, l’alu sera partiellement récupéré en sortie d’usine d’incinération. Ça me fait mal de l’écrire… mais factuellement, c’est vrai.

Vous pouvez aussi les vider de leur café et les garder pour les revendre à un ferrailleur. Je ne suis pas experte en la matière, mais je crois que l’alu ces derniers temps pouvait valoir entre 70 et 90€ la tonne. Une capsule vide pesant environ 1g, il faudrait environ 1.000.000 de capsules ! Je vous souhaite dans ce cas d’avoir de nombreux amis accrocs de Nespresso… ou sinon c’est que vous allez frôler la tachycardie ! Ce qui me fait penser, juste pour le plaisir, à cette délicieuse chanson d’Oldelaf !

Et sinon… d’autres alternatives ? Et bien pas mal de personnes proposent des solutions de valorisation assez originales ! Réutilisation des capsules avec re-remplissage de café, décorticage des capsules grâce à des procédés faits-maison comme l’Aluspresso, création de bijoux… Ces capsules font l’objet de beaucoup de créativité ! Alors faites chauffer vos méninges, et n’hésitez pas à venir partager vos idées sur ce blog !

Pourquoi les emballages ne sont-ils pas tous recyclables ?

J’ai très très souvent entendu « Franchement, toi qui travailles dans un service packaging, pourquoi ne demandes-tu pas à tes équipes de ne développer que des emballages recyclables ? ». Et bien oui… Pourquoi ?

Il faut deux conditions pour qu’un déchet puisse être recyclé :

  • Le déchet doit pouvoir être transformé pour redevenir une matière première exploitable pour produire un nouveau produit. Or certains emballages ne sont structurellement pas recyclables.
  • Il faut qu’il existe des filières de recyclage de ces déchets. Or certaines filières n’existent pas encore, tout simplement !

Détaillons un peu tout cela.

Tout d’abord, qu’entend-on exactement par la notion de « recyclage » ?

La définition légale du recyclage est la suivante : il s‘agit de « toute opération de valorisation par laquelle les déchets sont retraités en produits, matières ou substances aux fins de leur fonction initiale ou à d’autres fins […]» (Texte de loi complet ici). Cela signifie que le déchet, après transformation, devient la matière première d’un nouveau produit, identique ou pas au premier.

Certains emballages ne sont pas recyclables à cause de leurs propriétés physico-chimiques. La porcelaine, la faïence et la céramique sont des infusibles par exemple. Par conséquent, l’ancien bouchon en céramique de certaines bouteilles de bière constituait un réel problème pour les verriers. Un morceau de céramique au milieu d’un bain de verre en fusion rend ce dernier inutilisable, car le bouchon peut être la cause d’impuretés dans les emballages en verre réalisés à partir du verre en fusion. Ce bouchon en céramique a depuis été remplacé par un bouchon en plastique, d’aspect proche de la céramique.

Ensuite, qu’est-ce qu’une filière de recyclage ?

Une filière de recyclage regroupe une série d’acteurs spécifiques (collecteurs, transporteurs, transformateurs, etc.) dont le but est de gérer le traitement et le recyclage d’un groupe de produits particuliers. La filière de recyclage du bois est différente de la filière de recyclage de l’aluminium principalement parce que les types de traitement sont différents.

Si une filière n’existe pas, personne n’est en mesure de traiter les emballages concernés à grande échelle, donc on ne peut rien en faire. C’est le cas principalement d’emballages en plastique tels que les films alimentaires, les pots de yaourt en plastique, les barquettes en pastique du type barquettes de jambon ou barquettes de fruits, les sachets plastiques du type paquet de gruyère râpé ou sachet de gants de ménage, les pots de crème fraîche, les barquettes de viande en polystyrène : tous ces emballages pourraient chimiquement être recyclés mais ne le sont pas car les filières de recyclage ne sont pas encore rentables. Ce qui ne veut pas dire que ça ne le sera pas un jour.

Pourquoi n’existe-t-il pas de filières de recyclage pour tous les emballages ?

Eco-Emballages a mené récemment une étude très intéressante sur l’expérimentation de l’extension de consignes de tri (= pour que le consommateur dépose tous ses déchets d’emballages dans le même bac de collecte). La conclusion est que ces emballages, non recyclés à ce jour, perturbent énormément le traitement des autres emballages actuellement recyclés.

Cela impliquerait par exemple une augmentation de la fréquence de passage des camions de collecte puisqu’il y aurait plus d’emballages à récupérer. Cela engendrerait également, dans les centres de tri, une perte importante des cadences due par exemple à l’obstruction des machines par les petits éléments d’emballages, ainsi qu’une augmentation de la pénibilité du travail des opérateurs. Tout cela impliquerait donc une augmentation conséquente du montant de la taxe des ordures ménagères. Le principal frein est donc économique.

Si demain vous avez une idée géniale pour mettre en place une filière rentable de recyclage des pots de yaourt en plastique, il y a un sacré business à développer, c’est indéniable !

Pour plus de détails sur la recyclabilité des emballages : je rédigerai prochainement un article spécifique par famille d’emballage ( papier / carton, alu / métal, verre et plastiques).